En 2023, les acteurs humanitaires au Burkina Faso ont été confrontés à des contraintes qui ont considérablement limité le déploiement de l’assistance via les transferts monétaires (TM). Au dysfonctionnement des marchés et difficultés d’accès des prestataires des services financiers dans les zones à forts défis sécuritaires, se sont ajoutées des entraves administratives dans plusieurs régions du Burkina Faso. En effet, les TM (sectoriels et transferts monétaires à usage multiple [MPC]) ont d’abord été suspendus dans la région du Sahel (depuis janvier 2023), ensuite au Centre-Nord et Est (en mars) avant d’être rétabli à l’Est en avril. Malgré les efforts de plaidoyers par le Cash Working Group (CWG) et l’Equipe Humanitaire de Pays (HCT) auprès du Gouvernement et des autorités locales, des mesures additionnelles de suspension ont été prises depuis octobre 2023 sur instruction du ministère en charge de la sécurité et de l’administration du territoire touchant l’ensemble du pays y compris les programmes mis en œuvre par le Gouvernement. Ces mesures ont, au-delà des impacts significatifs sur les coûts et les délais de réponse, font que les zones les plus touchées par la crise humanitaire n’ont pas pu recevoir l’assistance adéquate au moment opportun surtout dans les régions du Sahel, Centre-Nord, Est, Boucle du Mouhoun et Nord.
Le CWG a, depuis mars 2023, appuyé le Gouvernement, à organiser des consultations nationales avec les autorités locales et acteurs humanitaires sur la mise en œuvre et la gestion des risques liés aux transferts monétaires ayant abouti au développement d’un document national dont l’objectif est d’harmoniser et encadrer l’utilisation des TM pour la réponse humanitaire, le relèvement et le développement. Le processus de la publication de ce document est en cours.
Dans ce contexte, les TM (sectoriel et MPC) représentent une part très faible du volume de l’assistance humanitaire au Burkina Faso. De janvier à octobre 2023, 55 partenaires ont rapporté l’utilisation de cette modalité et touché 1,6 million de personnes pour un montant total de 42 millions de dollars. Ce montant représente 13% du montant total du financement humanitaire reçu à la même période. Cette situation est due principalement aux mesures de suspension prises par les autorités et un sous rapportage par les partenaires. En 2022, les transferts monétaires ont représenté environ 12% de l’ensemble des dépenses humanitaires internationales au Burkina Faso.
Les transferts d’espèces à usages multiples ont été très peu utilisés par les partenaires (0,7 % de TM en fin octobre 2023) au Burkina Faso. Le CWG, en concertation avec l’ICCG, a donc pris la décision de ne pas créer une ligne budgétaire spécifique pour les MPC dans le HRP 2024.
En 2024, le CWG va concentrer ses efforts sur le renforcement des capacités des services techniques de l’Etat et les partenaires opérationnels dans la préparation, la mise en œuvre et le suivi des effets des transferts monétaires ainsi que l’analyse des risques et des mesures de mitigation. En termes de plaidoyer, le CWG mettra un accent particulier sur la documentation et la vulgarisation des bonnes pratiques auprès des autorités et décideurs nationaux et locaux, sur les effets des transferts monétaires pour la réduction de la vulnérabilité et la promotion de l’inclusion financière et l’autonomisation des communautés ainsi que l’impact sur la redynamisation de l’économie locale. Le CWG continuera à améliorer la coordination et la qualité des interventions avec les TM à travers la redynamisation et/ou l’installation des CWG infranationaux, la production et la diffusion des analyses sur la faisabilité et pertinence (suivi des marchés, analyse des risques, cartographies des partenaires de services financiers) afin de soutenir les partenaires dans leur prise de décision sur l’utilisation des TM.