La diminution des financements pourrait entrainer la fermeture de 53 bases opérationnelles dès décembre 2024 (33 bases d’ONG nationales, et 19 d’ONG internationales), dans 31 sous-préfectures du pays. Près de 40% de ces bases sont dans les 10 sous-préfectures ayant le plus de personnes dans le besoin. Près de 130 organisations sont opérationnelles sur l'ensemble du territoire national. Parallèlement, le nombre d’acteurs locaux, en hausse de 23%, permettra de renforcer la veille humanitaire face aux éventuels défis provoqués par les retraits et fermetures de bases en 2025.

Au-delà des défis logistiques et administratifs, les violences contre le personnel, les biens et infrastructures humanitaires, constituent un obstacle à l’accès aux populations et aux services humanitaires. Au cours de l’année 2024, de nombreuses contraintes ont réduit la capacité des humanitaires à atteindre les personnes affectées, et celle des bénéficiaires à accéder à l’aide humanitaire. D'octobre 2023 à septembre 2024, les incidents visant les travailleurs humanitaires ont connu une hausse de 19% (144 contre 177 sur la même période l'année précédente). Cela inclue les incidents relatifs aux menaces, intimidations, interférences, restrictions, cambriolages, braquages et intrusions.
Les restrictions (concernant le recrutement de personnel, les autorisations d’exercer des ONG et les taxations illégales), violences contre le personnel, biens et infrastructures humanitaires, les hostilités et opérations militaires, fragilisent l’environnement humanitaire et entravent l'acheminement de l'aide. Les nouvelles dispositions administratives (loi sur les ONG) imposent des changements ou ajustements importants au sein des ONG et ONGI, avec des répercussions sur le plan opérationnel.

Des actions coordonnées de plaidoyer axées sur la promotion des principes humanitaires auprès des autorités locales et nationales permettront de réduire ces interférences et restrictions, afin d’atténuer les pratiques entravant l’action humanitaire.
Aussi, les contraintes d’accès physique dues au mauvais état des routes dans l'ensemble du pays et la présence d’engins explosifs (surtout dans l’Ouest), renforcent les défis liés à l’accès humanitaire, au-delà des contraintes saisonnières. Nécessitant de l’expertise au-delà des capacités disponibles, la coordination avec le secteur logistique permet d’assurer la complémentarité avec le service humanitaire de transport aérien. Ces facteurs ralentissent drastiquement l’acheminement de l’aide humanitaire dans les zones les plus touchées et enclavées dont le sud-est, l’est et le nord-est du pays. Ils ont aussi un impact sur le coût des activités, en déphasage avec la tendance de financement de la réponse humanitaire en RCA. La négociation continue de l'accès humanitaire avec les différents acteurs orientera le plaidoyer dans le sens de la protection des civils et du respect des textes de droit international. Les acteurs humanitaires s’impliquent aussi dans des actions de sensibilisation sur les engins explosifs et les restes de guerre auprès des populations.
Tendances en matière de réponse
En 2024, bien que la fréquence des chocs soit restée sensiblement la même qu’en 2023, les retours de PDI dans leurs zones d’origine ont considérablement diminué, tandis que le nombre de personnes affectées par les violences et conflits a augmenté de 8% au cours du deuxième trimestre. Le contexte global a impacté le niveau de mobilisation des financements pour la réponse humanitaire. Afin de combler le vide associé aux limites de l’action humanitaire (par exemple vis-à-vis des besoins structurels), mais également au retrait progressif imposé par l’insuffisance des ressources, la nécessité de complémentarité avec les interventions structurelles a constitué l’essentiel du message de plaidoyer.
Le niveau de financement requis pour la réponse humanitaire en RCA a évolué en fonction du contexte et de la sévérité des besoins à travers le pays. Le budget estimé pour 2025 est le plus faible de ces sept dernières années, et constitue une baisse de 41% comparé à 2020 qui coïncidait avec le contexte électoral.
