Une dame déplacée interne entre dans son abri. Bien que reconnaissante pour cet abri, elle veut d’une activité génératrice pour subvenir à ses autres besoins, notamment nourrir décemment ses enfants. OCHA/Alassane Sarr
1.2. Analyse des chocs, risques et besoins humanitaires
Une crise prolongée
L’insécurité, les problèmes de protection et les changements climatiques, tels que les inondations, les vents violents, les canicules et l’absence de pluies continuent d'impacter négativement les conditions de vie des populations du Burkina Faso.
Au cours de la période janvier-septembre 2024, les chocs sécuritaires ont continué d'affecter les civils. Ces chocs ont conduit au déplacement d'au moins 307 872 personnes de 41 778 ménages en provenance de 53 communes vers 46 communes dont 38 pour cent dans les régions de l’Est, 29 pour cent de la Boucle Mouhoun et 17 pour cent dans celle du Nord selon le GCORR. Il est à noter que, les PDI représentent 80 pour cent des personnes exposées aux risques de protection, 20 pour cent sont de la communauté hôte ou des personnes retournées ou réinstallées, installées dans des zones où l’accès aux services sociaux de base est difficile. En outre, selon le cluster protection, 27,5 pour cent de non-PDI au niveau national sont exposées aux risques. Les régions du Nord, du Centre-Nord, de l’Est, du Sahel sont plus touchées par la crise en atteignant chacune au moins 50 000 non PDI.
A cette situation d'insécurité s’ajoutent les inondations mais aussi les baisses de précipitations dans certaines zones, qui impactent particulièrement les personnes dépendantes de l’agriculture vivrière et de la saisonnalité des cultures.
En effet, les populations qui vivent dans des zones à risque et dans les abris d'urgence peuvent être impactées par les inondations. Selon le CONASUR, au 27 août 2024, plus de 16 000 personnes dont 3 884 femmes et 10 258 enfants ont été affectées par les inondations dans neuf (9) régions. Une personne en est décédée et 17 autres blessées. Les régions les plus touchées sont le Sahel, le Centre-Nord, l’Est et la Boucle du Mouhoun, où vivent 95 pour cent des personnes affectées. Parallèlement, la baisse de précipitation a entraîné des conséquences sur la sécurité alimentaire et les moyens d’existence pour l’ensemble des catégories de populations. Selon le Cadre Harmonisé de Mars 2024, les régions les plus touchées1 par l’insécurité alimentaire selon le Cadre Harmonisée de Mars 2024 sont le Centre-Nord (21 pour cent), le Nord (18 pour cent), le Sahel (18 pour cent), l’Est (17 pour cent), le Centre-Est (7 pour cent) et la Boucle du Mouhoun (7 pour cent).
Personnes dans le besoin
La collaboration entre la communauté humanitaire et le gouvernement a permis d’évaluer l’évolution des besoins humanitaires et de déterminer, sur une base consensuelle, le nombre de personnes nécessitant une assistance humanitaire à la suite des impacts de différents chocs. L'aperçu des besoins humanitaires de 2025 estime que près de six millions de personnes, soit 26 pour cent de la population burkinabè, ont besoin d'une aide humanitaire : 52 pour cent sont de sexe féminin et 55 pour cent des enfants. Bien que ce chiffre représente une baisse de 6 pour cent par rapport à 2024, il reste considérablement élevé. Un changement dans la méthodologie de calcul des personnes dans le besoin entre 2024 et 2025 pourrait également être à la base d’une apparente baisse des besoins humanitaires. En effet, 25 pour cent des ménages ont des besoins allant de sévères à très sévères. Les besoins les plus sévères ont été enregistrés dans les secteurs de l’eau, hygiène et assainissement (EHA), la protection, la santé, la nutrition, la sécurité alimentaire et l’éducation. La plus grande proportion de ménages ayant des besoins non sévères se trouve dans le secteur des abris. Il ressort dès lors que la crise touche à la fois les personnes déplacées, les retournées et les populations hôtes. En outre, avec la prolongation de la crise, le Burkina Faso pourrait être exposé à la sécheresse même si en 2024 il n’y a pas eu d’activation dans le cadre du suivi d'action anticipatoire2.
Un accès fragile aux services sociaux de base
Seuls 27,73 pour cent de la population ont accès à des installations sanitaires améliorées, et seulement 78,3 pour cent4 ont accès à l’eau potable. Environ 33,6 pour cent5 de la population pratique la défécation à l’air libre, ce qui risque de contaminer les sources d’eau et d’augmenter le taux de maladies hydriques. 17 pour cent6 de la population n’ont pas accès aux services de santé de base et 46 pour cent des personnes survivantes de viol n’ont pas accès à la prise en charge médicale.
« Les enfants de moins de 5 ans et les femmes enceintes ou allaitantes sont les plus vulnérables. Des taux de malnutrition aiguë globale élevés sont observés dans les zones affectées. Plus de 500 000 enfants de moins de 5 ans et 131 000 femmes enceintes ou allaitantes ont besoin de traitement7 »
Les taux de malnutrition restent élevés chez les enfants et les femmes. Les résultats des diverses enquêtes8 indiquent une crise nutritionnelle dans les zones d’insécurité, dépassant les seuils d’urgence. L’insécurité alimentaire, les mauvaises pratiques d’alimentation et de soins de santé, les taux élevés de morbidité, ainsi que les mauvaises conditions d’hygiène et d’assainissement, exacerbent la vulnérabilité de la population.
Le rapport du cluster santé du 30 septembre 2024 montre que 424 centres de santé sont fermés et 309 fonctionnent à minima, entravant la continuité des services de santé de la reproduction. L’exacerbation des cas de violences basées sur le genre entraine aussi une réduction de l’accès des femmes, des filles et des jeunes aux services de soins de santé de reproduction (SSR).
La situation éducative au Burkina Faso est aussi alarmante : plus de 5 300 écoles, soit 20 pour cent des infrastructures éducatives sont fermées depuis le début de la crise. Cette fermeture affecte 818 000 enfants, dont 48 pour cent filles, et 24 300 enseignants.es. En somme, environ 2 millions d’enfants ont un besoin urgent de soutien éducatif, dont près d’un million de filles et 200,000 enfants en situation de handicap.
Pour 2025, la communauté humanitaire estime que 5,9 millions de personnes nécessiteront une assistance, contre 6,3 millions l'année précédente. Cette réduction ne reflète pas une amélioration des conditions humanitaires, mais résulte d'une application plus rigoureuse du cadre d'analyse conjointe et intersectorielle 2.0 et de critères plus stricts pour déterminer les besoins humanitaires. Alors que l'analyse précédente avait ressorti l'ensemble des 13 régions, l'approche de 2025 a permis de mieux centrer les besoins humanitaires découlant des chocs avec un niveau de sévérité élevé (3 et 4) et d’identifier 10 régions. Pour les personnes affectées par des problématiques de développement structurel, les partenaires humanitaires plaideront pour des programmes relevant du nexus humanitaire-développement.
Niveau de risque de sécheresse
References
Analyse du cluster Sécurité alimentaire, …/2024
Au mois d’octobre 2024, basé sur les données observationnelles de SPI et WRSI du mois de septembre, le cadre d'action anticipatoire pour la sécheresse au Burkina Faso n'a pas activé.
Ministère de l’Environnement, de l’Eau et de l’Assainissement - MEEA, INO 2023
Ministère de l’Environnement, de l’Eau et de l’Assainissement - MEEA, INO 2023
Ministère de l’Environnement, de l’Eau et de l’Assainissement - MEEA, INO 2023
Evaluation cluster Santé
IPC MA, 2023
IPC 2023-2024, enquêtes 2023 nutritionnelle anthropométrique (SMART) et MSNA 2024