Burkina Faso

Burkina Faso Plan de Réponse Humanitaire 2025 / Besoins et réponse par cluster

3.3 Education

Personnes dans le besoin
2,0M
Personnes ciblées
829k
Fonds requis
$43,4M

Répartition des personnes dans le besoin et ciblées

Résumé des besoins

La situation éducative au Burkina Faso est alarmante, avec 2 millions d’enfants en besoin urgent de soutien éducatif, dont près d’un million de filles et 200 000 enfants en situation de handicap. Parmi eux, 86 pour cent n'ont pas accès à l'école, 1,5 pour cent sont scolarisés dans des conditions inacceptables (ex. classes surchargées) et 3,8 pour cent sont dans un environnement non protecteur (ex. violence sur le trajet à l’école).

La fermeture de plus de 5 300 écoles , soit 20 pour cent des infrastructures éducatives, a affecté 818 000 enfants, dont 48 pour cent filles, et 24 300 enseignants.es. Cette situation a entrainé la déscolarisation temporaire ou définitive de nombreux enfants, une délocalisation d’établissements, et la surcharge des écoles dans les zones d’accueil.

Les inégalités se sont accentuées, notamment pour les filles et les enfants en situation de handicap, qui risquent de ne jamais retourner en classe. Bien que 1 304 écoles aient réouvert grâce aux efforts communautaires, un immense besoin de soutien demeure pour garantir la continuité pédagogique et offrir des conditions d'apprentissage décentes aux enfants déplacés et vulnérables.

D’après l’évaluation MSNA 2024, les besoins en éducation se concentrent particulièrement dans des régions prioritaires comme le Sahel (42 pour cent), l’Est (46 pour cent), le Nord (49 pour cent), et la Boucle du Mouhoun (45 pour cent). Au Sud-Ouest, 25 pour cent des enfants ne sont pas inscrits dans une école formelle en raison de l'incapacité des familles à assumer les frais de scolarité, Par ailleurs, dans la Boucle du Mouhoun, 6 pour cent des enfants signalent l'absence d'écoles accessibles dans leur communauté. Un autre indicateur pertinent révèle que certains ménages ont rapporté qu'aucun enfant de 5 à 18 ans n’a été scolarisé dans un établissement formel ou un programme d'éducation de la petite enfance au cours de l’année scolaire 2023-2024. Les proportions sont élevées dans des zones rurales non prioritaires comme le Centre-Ouest et le Centre-Sud (respectivement 45 pour cent et 47 pour cent), ainsi que dans le Nord (59 pour cent), l’Est (56 pour cent), la Boucle du Mouhoun (54 pour cent) et le Centre-Nord (51 pour cent).

En moyenne, 31 pour cent des enfants en âge scolaire n’ont pas été scolarisés en 2023-2024 (30 pour cent pour les garçons et 32 pour cent pour les filles). Parmi eux, 36 pour cent citent l’incapacité à assumer les couts de scolarité comme barrière à l’éducation (38 pour cent pour les garçons, 38 pour cent pour les filles). Ainsi, à l’échelle nationale, 11 pour cent des enfants Burkinabès n’ont pas été scolarisés en raison des couts de scolarité

Les inégalités se sont accentuées, particulièrement pour les enfants vulnérables, y compris les enfants en situation de handicap, qui risquent de ne jamais retourner en classe. Bien que 1 304 écoles aient réouvert grâce aux efforts communautaires, un immense besoin de soutien demeure pour garantir la continuité pédagogique et offrir des conditions d'apprentissage décentes aux enfants déplacés et vulnérables.

En outre, des facteurs multisectoriels aggravent indirectement l’éducation en limitant l’accès et la continuité scolaire. Par exemple, les chocs sécuritaires, tels que la présence d’engins explosifs, sont rapportés par plus de 50 pour cent des ménages dans certaines provinces, restreignant l'accès aux écoles. Dans la province du Yagha (région du Sahel), 4 pour cent des enfants ne sont pas scolarisés car ils doivent travailler à la maison. Dans des régions comme le Sud-Ouest, 71 pour cent des ménages n’ont pas de dispositif de lavage de mains, et 33 pour cent des ménages déplacés rapportent des pratiques de défécation à l’air libre, principalement en raison du manque de latrines ce qui affecte les conditions d’hygiène dans les écoles. Dans le Sahel et le Nord, plus de 50 pour cent des ménages déclarent que l’établissement de santé le plus proche est trop éloigné, ce qui entraîne des absences répétées dues à des problèmes de santé non traités.

Enfin, les prix des produits alimentaires sont inhabituellement élevés dans des provinces a accès difficile comme le Yagha et le Loroum (région du Nord), où respectivement 60 pour cent et 58 pour cent des ménages mentionnent avoir été affectés par la cherté des biens alimentaires. Cela diminue leur capacité à couvrir les coûts liés à l'éducation, puisque les familles priorisent d'autres besoins essentiels. Pour beaucoup d'élèves, l’école représente le seul endroit où ils peuvent espérer obtenir un repas nutritif. Dans ce contexte, la mise en place de cantines scolaires dans les établissements est cruciale pour garantir que ces enfants reçoivent un apport alimentaire régulier et équilibré, indispensable à leur bien-être et à leur réussite scolaire.

Stratégie de réponse

Le Cluster Éducation a identifié des priorités clés pour sa réponse d'urgence en 2025, en se concentrant sur les zones fortement touchées par l'insécurité et les déplacements.

Dans les zones fortement touchées par l’insécurité, souvent difficiles d'accès, l'accent sera mis sur les écoles réouvertes. Les partenaires de l'éducation fourniront des services essentiels pour soutenir les efforts des communautés locales visant à assurer la continuité de l'éducation après une longue fermeture, par exemple la distribution de kits scolaires, la mise en place de cantines scolaires, l’appui financier des volontaires communautaires, ainsi que le soutien au transport des enseignants vers les écoles. Le Cluster encouragera également l’intégration de programmes inclusifs et protecteurs avec la collaboration des autres secteurs humanitaires tels que les Clusters CP/AoR, VBG/AoR, Nutrition, SECAL et WASH, afin de renforcer les capacités locales et d'améliorer la qualité de l'éducation.

Dans les communes où les écoles restent fermées, le Programme d'Éducation par la Radio sera priorisé pour permettre aux enfants de maintenir un niveau d'apprentissage de base malgré les risques rendant la scolarisation physique impossible.

Dans les zones d’accueil, le Cluster se concentrera sur des programmes d'éducation d'urgence pour soutenir l’intégration des enfants hors école dans le système formel. Cela inclut des classes alternées d’urgence et cours de rattrapage, où les enfants pourront suivre un curricula officiel condensé et d’obtenir un certificat reconnu. Des programmes d'apprentissage alternatifs, tels que les SSA/P et CEBNF, ainsi que des formules des formations préprofessionnelles, incluant l'alphabétisation, le calcul et des compétences pratiques, seront également proposés aux adolescents, avec des adaptations pour les enfants et jeunes en situation de handicap.

Le développement des compétences socio-émotionnelles et des mécanismes de prévention des VBG seront intégrés dans les activités d’éducation, pour renforcer la résilience des enfants et assurer des espaces d'apprentissage inclusifs et protecteurs, tout en favorisant leur bien-être émotionnel et leur interaction positive avec les autres.

Par ailleurs, le Cluster encouragera l’introduction de modificateurs de crise pour donner plus de flexibilité aux programmes et ainsi apporter des réponses de première phase à des situations non prévues qui impactent le bien-être des populations affectées.

Le Cluster encouragera également l’intégration de programmes inclusifs et protecteurs avec la collaboration des autres secteurs humanitaires tels que les Clusters CP/AoR, VBG/AoR, Nutrition, SECAL et WASH, afin de renforcer les capacités locales et d'améliorer la qualité de l'éducation. Cette collaboration permettra de garantir des infrastructures scolaires appropriées, avec un accès à l'eau potable, des installations sanitaires adéquates, et la distribution de kits d'hygiène et de Kits de gestion hygiénique des menstrues (GHM), assurant ainsi des conditions sanitaires satisfaisantes. Avec le Cluster Nutrition, des aliments nutritifs adaptés aux besoins alimentaires. Un soutien psychosocial et sante mental sera intégré – renforcé - dans toutes les zones, aidant les enfants à surmonter les effets de l'insécurité et de déplacements. Des formations seront également proposées aux enseignants et aux volontaires, contribuant ainsi à un environnement scolaire plus sécurisé et résilient.

Enfin, le Cluster maintiendra un mécanisme de réponse rapide pour assurer des interventions d'urgence, adaptées aux besoins spécifiques de chaque région et groupe de population, en consultant les personnes et enfants affectés.

Ciblage et priorisation

829 000 enfants, soit 42 pour cent des personnes dans le besoin, sont ciblés. Parmi eux, 406 000 sont des filles. Le ciblage se concentre sur 101 communes réparties dans 9 régions du pays. Le ciblage a pris en compte plusieurs paramètres essentiels pour les futures interventions en éducation. Il s'agit notamment des communes où les évaluations sur le terrain ont montré un grand besoin, des communes ayant connu une réouverture et/ou une fermeture d'écoles, ainsi que la présence d'acteurs éducatifs. La capacité d'intervention démontrée par les partenaires en 2024 a également été prise en compte, et la triangulation a permis de déterminer le ciblage sur la base de la population dans besoin (PiN) identifiée.

UBC et coût de réponse

Des modifications ont été apportées au niveau des cibles par activité en fonction des cibles atteintes en 2024. En conséquence, le budget total pour 2025 montre une baisse de 29 pour cent. Le coût unitaire par activité est resté le même, avec une légère augmentation pour certaines activités sur la base des recommandations de certains partenaires locaux. De plus, le coût total inclut le coût de transport des supply, avec une augmentation de 30 pour cent par rapport au coût total, ce qui a été essentiel pour les partenaires de l'éducation, soulignant la charge liée au transport des supply vers les zones difficiles d'accès.

Cependant, il est difficile de calculer le coût unitaire par enfant en fonction du budget total et des cibles, car le coût unitaire de l'éducation formelle est trop bas par rapport à celui de l'éducation non formelle, qui varie également. Le Cluster partage ci-dessous quelques coûts unitaires essentiels pour les principales activités :

  • Coût unitaire en PER = 42 $
  • Coût unitaire en cours de rattrapage = 45 $
  • Cout unitaire en cours d’éducation alternative = 190$.

Promotion d’une programmation redevable, de qualité et inclusive

Les interventions du Cluster éducation tiennent compte des facteurs de genre et d’inclusion tout au long de la mise en œuvre des activités, depuis le choix des bénéficiaires qu’à la réalisation des activités ainsi que les processus de rapportage et de partage de l'information. Les données produites sont désagrégées par genre, par âge, par statut handicap / PDI à travers les documents de projet et le rapportage à travers la 5W. Par ailleurs, l’analyse des risques de violences basées sur le genre (VBG) est réalisée par les organisations de mise en œuvre des activités, ce qui permet de réduire les facteurs de vulnérabilités qui peuvent contribuer à la violation des droits des bénéficiaires notamment des filles et les enfants en situation de handicap qui sont les plus vulnérables dans les contextes de crise. Des activités de formation / sensibilisation sont inscrites dans les projets et programmes pour une meilleure appréhension des défis en lien avec la PEAS et les VBG, toute chose qui contribue à améliorer l’accès et le maintien à l’éducation.

Les principes d'équité, de participation, d'autonomisation et de transversalité sont également prises en comptes dans les interventions.

Suivi de la réponse

Le suivi se fait à différents niveaux au niveau cluster Education. Le suivi de la situation se fait via les outils mis en place par le ST-ESU pour pouvoir dénombrer les écoles fermées et réouvertes et également connaitre leurs incidences sur les élèves et les enseignants. Ces informations sont partagées avec les partenaires du Cluster pour permettre une prise en charge des enfants touchés. La 5Ws Education permet également d’avoir une situation de la réponse fournie de même que la présence opérationnelle des acteurs sur le terrain. Pour le cas spécifique de la réponse rapide, un outil de collecte des positionnements et des interventions a été conçu et mis à la disposition des partenaires afin de faciliter le rapportage de leurs interventions. Ces interventions sont rapportées régulièrement pendant les réunions de coordination qui par ailleurs font la compilation de ces données. Le suivi des risques et des questions transversales incluant l’éducation se fait à travers les différents mécanismes mis en place dans le cadre de l’inter cluster qui permet le partage des informations liée aux incidents touchant les enfants et la coordination des activités de réponses.

Pour plus de détails sur le travail du cluster, merci de vous référer aux liens ci-dessous : Page web Cluster: https://response.reliefweb.int/burkina-faso/education

Document de note de plaidoyer pour les cantines : https://drive.google.com/file/d/1bJp3hHASKpBn2YtJcachJxNBDIVFmmsS/view?usp=sharing

Méthodologie de la réponse rapide : https://docs.google.com/document/d/1sDRbJJIlwTzbmZ-DAb0zJZJF9QQGx8Ya/edit?usp=sharing&ouid=108432527331387004264&rtpof=true&sd=true


Sévérité des besoins

Personnes dans le besoin

Personnes ciblées

References

  1. PiN 2025 du Cluster Education
  2. Rapport statistique mensuel de l’ESU, mars 2024 – MENAPLN