Burkina Faso

Burkina Faso Plan de Réponse Humanitaire 2025 / Besoins et réponse par cluster

3.6.1 Lutte anti-mines (LAM)

Personnes dans le besoin
1,9M
Personnes ciblées
208k
Fonds requis
2,3M

Répartition des personnes dans le besoin et ciblées

Résumé des besoins

La menace explosive demeure préoccupante en raison de la présence des EEI impactant de plus en plus de populations civiles. En effet, au premier semestre de 2024, 146 incidents liés aux EEI ont été enregistrés comparé à 101 au premier semestre de 2023 (et 168 sur toute l’année 2023). On note également une augmentation du nombre de victimes civiles. Sur 293 victimes, 185 étaient des civils représentant 63 pour cent à majorité des femmes et des enfants (67 pour cent). A ce jour 10 des 12 régions du Burkina Faso sont touchées par la menace, cependant en 2024 on observe une intensification de la présence des EEI dans la région de la Boucle du Mouhoun et du Centre nord ainsi qu’une expansion dans la région des Cascades.

La majorité des EEI sont radios commandés ciblant les convois et activés par la victime exposant les civiles en particulier les femmes et les enfants ainsi que les PDI, lors du déplacement, y compris leur retour dans les localités d’origine.

On estime à 1.9 millions de personnes dans le besoin en lien avec la menace existante mais également la présence potentielle de Restes Explosifs de Guerre (REG) en raison de l’intensification des combats dans certaines régions notamment le Sahel et l’Est.

Les EEI sont en général localisés le long des routes et entrave la liberté de mouvement, tout en créant un sentiment de terreur. Le caractère indiscriminé des EEI activé par la victime ainsi que la présence potentielle des Restes Explosifs de Guerre (REG) dans les zones de combat augmentent les risques pour les populations civiles car tout type d’engins explosifs même des années après la fin des hostilités demeure un danger immédiat pour chaque personne se trouvant à proximité.

Une analyse du secteur de la lutte antimines permet de mettre en évidence une couverture insuffisante des besoins et une faible présence des acteurs : la menace explosive est apparue en 2017 au Burkina selon les premiers incidents enregistrés par le Service de lutte antimines des nations unies et depuis elle n’a cessé de s’intensifié autant en nombre que géographiquement. En raison du manque de capacités techniques et financières, très peu d’acteurs dans le domaine.

A ce jour, la réponse apportée ne concerne que l’éducation aux risques des EEI et ne couvrent pas l’ensemble des régions affectées (toutes les régions exceptées le Centre et le Plateau Central).

On enregistre également de plus en plus de victimes civiles cependant aucun mécanisme ne permet de disposer de données sur les victimes assistées, le type d’assistance et les acteurs impliqués. En effet aucun circuit de référencement et mapping des acteurs n’est disponible pour le secteur.

L’un des besoins cruciaux du secteur demeure la collecte de données aussi bien sur les incidents que sur les victimes : En effet, depuis 2019, UNMAS a assuré la collecte et la gestion des données liés aux incidents EEI et victimes. En 2024, en raison d’absence de financements, UNMAS a fermé son programme en août, occasionnant un déficit dans la collecte et la gestion de données. En effet, la CNCA en tant qu’autorité nationale ne dispose pas des capacités nécessaires tandis que la gestion de l’information reste un volet important de l’action contre les mines car elle permet d’évaluer les zones affectées, les populations à risque et les besoins.

Stratégie de réponse

Pour faire face aux besoins identifiés, Quatre principaux axes d’intervention sont envisagés :

Prévention :

Dans un contexte ou le déminage humanitaire ne peut être mis en œuvre en raison de la présence de conflits actifs, l’éducation aux risques des engins explosifs reste le moyen privilégié de fournir aux communautés les informations nécessaires pour se protéger contre les engins explosifs en particulier improvisés et les REG.

Il s’agira dans un premier temps de conduire des sessions de sensibilisation pour les communautés à travers des organisations locales dont les capacités seront renforcées. Cette approche permet en plus de renforcer les capacités locales et nationales, d’accroitre également les capacités de réponse des acteurs dans le domaine de la lutte antimines afin d’atteindre les personnes les plus à risques dans les localités difficile d’accès.

Dans un second temps, pour atteindre le maximum de personnes et palier à l’insuffisance d’acteurs sur le terrain, la prévention intègrera la diffusion de messages radio de sensibilisation, traduit en plusieurs langues nationales et locales et diffusés à travers le pays.

A cela, s’ajoute la mutualisation des ressources en privilégiant l’approche multisectorielle : Un plaidoyer et des échanges seront engagés avec d’autres secteurs connexes tels que l’éducation, la protection de l’enfance, la protection générale, etc. afin d’intégrer l’éducation aux risques des EEI dans leurs réponses.

Les acteurs humanitaires étant également exposés aux risques des engins explosifs, des sessions d’information et de sensibilisation leurs seront également délivrées pour contribuer à leur sécurité et supporter l’action humanitaire.

En outre, des discussions et travaux seront menées avec les autorités et autres acteurs impliqués afin de mettre en place un mécanisme de collecte de données sur les incidents et les victimes. Données qui permettront d’orienter la réponse sectorielle et multisectorielle.

Assistance aux victimes :

A travers le renforcement des mécanismes de référencement par la collecte d’informations sur les victimes et les services existants de prise en charge ainsi que la définition et la diffusion d’un circuit de référencement des victimes.

Par ailleurs, Il s’agira également de conduire une nouvelle approche qui consiste à former des membres de communautés, des points focaux communautaires, en tant que premiers intervenants à fournir des soins d’urgence aux victimes d’EEI afin d’augmenter les chances de survie et/ou minimiser les séquelles post explosion.

Renforcement des mécanismes communautaires et localisation :

Les ressources étant limitées et les zones difficiles d’accès et pour pérenniser les actions, la stratégie de réponse intègre le renforcement de capacités des acteurs locaux pour la mise en œuvre des activités mais également la formation de points focaux communautaires en sensibilisation aux risques et soins de d’urgence. A ce volet, les acteurs du secteur intègreront des activités de réduction de violence armée visant à favoriser la cohésion sociale entre les communautés.

Renforcement du cadre normatif :

Il s’agira de poursuivre l’appui au développement de normes nationales d’action contre les mines (NOBAM) et à la mise en œuvre de la convention sur l'interdiction des mines anti personnelles (APMBC) à travers l’organisation de sessions de formation sur les normes, la gestion de l’information ainsi que le renforcement des capacités et l’appui à la commission en lien avec les obligations de la convention en particulier le rapportage.

Ciblage et priorisation

Pour une population totale dans le besoin de 1 909 220 personnes, les acteurs de la lutte antimines humanitaire prévoient de cibler 208 101 personnes, dont 47 pour cent de PDI et 53 pour cent de non PDI incluant les personnes retournées dans les régions les plus affectées par la menace explosive à savoir le Sahel, l’Est, la Boucle du Mouhoun, le Nord, le Centre-Nord et les Cascades. Cette cible concerne les personnes directement touchées par la réponse cependant il est prévu des activités telles que la diffusion de messages radio qui permettraient de toucher plus de personnes dans le besoin.

En outre pour mieux affiner le ciblage, une analyse contextuelle sera menée avant les campagnes de sensibilisation pour identifier avec exactitude les groupes les plus vulnérables. Cependant les femmes et les enfants seront particulièrement ciblés car représentant 67 pour cent des victimes civiles entre janvier et juin 2024 en plus des PDI afin de prévenir les risques encourus lors des retours spontanés.

Les activités seront adaptées aux publics cibles, femmes, enfants et personnes handicapées

Les activités du secteur de la lutte antimines visent les objectifs sectoriels suivants :

  • Objectif sectoriel 1 : 209.101 personnes (Femmes, hommes et enfants) bénéficient de sessions d'Education aux Risques des Engins Explosifs (EREE)
  • Objectif sectoriel 2 : Au moins 168 personnes (victimes et familles de victimes d’EEI) bénéficient de services d'assistance (Soins d'urgence et référencement)

UBC et coût de réponse

2.346.786 USD sont nécessaires pour fournir une réponse à environ 208.000 personnes. Ce budget a été établi en utilisant l’approche du coût unitaire par activité, dont les détails sont les suivants :

ActivitésCoût unitaireBudget requis
Education aux risques posés par les Engins Explosifs Improvisés (EEI) au profit des communautés112 289 111
Formations de points focaux à la sensibilisation aux risques posés par les EEI dans les zones impactées13710 275
Formations des membres de communautés à l'administration de soins d'urgence aux victimes d'EEI16526 400
Renforcement des mécanismes de référencement et de prise en charge des victimes d'EEI12521 000

Promotion d’une programmation redevable, de qualité et inclusive

Les activités du secteur intègreront une approche de planification et de mise en œuvre qui prend en compte le genre et la diversité en particulier dans la définition des cibles, la composition des équipes et la conduite des actions et ce, dans le but de garantir une réponse appropriée pour tous les groupes vulnérables et à risque incluant les personnes vivant avec un handicap.

De plus dans le cadre des activités du domaine de responsabilité, des sessions de formation et d’information seront conduites sur les thématiques de la centralité de la protection, de l’engagement Communautaire et la redevabilité ainsi que la protection contre l'exploitation et les abus sexuels (PEAS) afin de permettre aux acteurs une meilleure compréhension et intégration des concepts.

Des consultations seront menées avec le Groupe de Travail Engagement Communautaire et Redevabilité afin d’identifier les mécanismes de plaintes pouvant être vulgariser lors des interventions ainsi que des actions additionnelles à entreprendre.

Suivi de la réponse

La collecte de données du secteur est assurée par la coordination du domaine de responsabilité qui s’assurera que les données collectées auprès des acteurs soient consolidées et partagées dans le cadre du suivi de la réponse globale. La fréquence de collecte et analyse des données est mensuelle, en accord avec la matrice 5w et la régularité des réunions du domaine de responsabilité.

Sur base des données collectées en particulier sur la menace et les besoins, des analyses trimestrielles seront produites permettant une orientation des actions en fonction de la réponse apportée et des besoins reportés.

Sévérité des besoins

Personnes dans le besoin

Personnes ciblées