Répartition des personnes dans le besoin et ciblées
Résumé des besoins
La Violence Basée sur le Genre (VBG) demeure l’une des violations des droits humains affectant particulièrement les femmes et les filles. La précarité des conditions de vie et la grande dépendance à l’assistance humanitaire exposent davantage les femmes et les filles aux risques d’enlèvement et aux incidents Engins Explosifs Improvisés (EEI). Selon le monitoring de protection, au premier semestre 2024, une centaine de femmes et filles ont été enlevées lors de la recherche de bois de chauffe, d’eau et de subsistance alimentaire. Les données de l’AoR Lutte Antimines (LAM) de janvier à mai 2024, montrent que 32 pour cent des victimes civiles des EEI sont des femmes. Les enfants représentent 35 pour cent.
Entre janvier et fin septembre 2024, le domaine de responsabilité sur les violences basées sur le genre (VBG) a assisté 5% de la cible sectorielle à travers : la prise en charge (PEC) de 4 252 cas déclarés de VBG – la distribution de 11 136 kits de dignité aux femmes et filles vulnérables et survivant(e)s de VBG – l’animation de groupe de parole au sein des espaces sûrs au profit de 9 892 femmes et 5 146 filles – la sensibilisation de 211 191 personnes dont 71 pour cent de femmes. La réponse VBG reste très timide à cause principalement de l’insuffisance des ressources et des difficultés d’accès à certaines localités. Il ressort de cette réponse que 98% des personnes survivantes sont les femmes et les filles et plus de 80 pour cent sont des personnes déplacées internes. De nombreux défis demeurent : 66 pour cent des personnes survivantes de viol ayant eu accès aux soins médicaux n’ont pas bénéficié de la PEC dans les 72H. Par ailleurs, 42 pour cent des personnes survivantes de viol n’ont pas eu accès à une PEC médicale. Comme évoqué plus haut, 87 pour cent des survivantes de viol sont des PDI. La prise en charge juridique et judicaire demeure très faible, à peine 1 pour cent des personnes survivantes ont accès à ce service. Il en est de même pour la réinsertion socio-économique où à peine 3 pour cent des survivantes ont accès à des activités génératrices de revenus pour atténuer les risques de VBG et contribuer à leur résilience.
Selon les analyses tirées des différents Dashboard VBG, le sous financement de la réponse 2024 (9,5 pour cent) empêche : 18946 personnes survivantes de bénéficier d’une prise en charge (PEC) ; 358 630 femmes et filles d’avoir accès aux informations qui sauvent des vies ; 138 579 femmes et filles de bénéficier d’un kit de dignité pour préserver leur dignité. Par ailleurs, chaque mois 20 femmes et filles risquent d’être enlevées, 08 femmes risquent de mourir ou de se retrouver handicapées à la suite des incidents liés aux EEI.
Stratégie de réponse
La réponse sur la VBG se fera en synergie avec le Ministère en charge de l’Action Humanitaire et de la Solidarité Nationale et tous les autres ministères contribuant à la prévention des VBG et la prise en charge multisectorielle et intégrée des personnes survivantes de VBG. Elle consistera à renforcer les services qui sauvent les vies des survivant-e-s de VBG, des femmes et des filles à risques de VBG et d’exploitation et abus sexuels par l’innovation et la disponibilité de services de qualité, la prévention et l’atténuation des risques de VBG.
Le domaine de responsabilité VBG renforcera l’accès et la disponibilité de services complets VBG, notamment la Santé Mentale et le Soutien Psychosocial, les services sanitaires et tout autre service nécessaire. L'AoR VBG collaborera avec l’AoR Protection de l’Enfant, les clusters éducation, sécurité alimentaire, Wash, santé et nutrition pour assurer une référence de qualité pour les enfants survivant-e-s de VBG et une prise en charge intégrée des personnes survivantes de VBG. Un accent particulier sera mis sur la collaboration avec tous les clusters pour l’intégration d’intervention VBG dans leurs stratégies de réponse pour une meilleure atténuation des risques de VBG et des exploitations et abus sexuels.
Les activités essentielles seront mises en œuvre à travers deux axes principaux : (i) la prise en charge multisectorielle et intégrée ; (ii) la prévention et l’atténuation des risques d’exposition à la VBG. La prévention et l’atténuation des risques d’exposition à la VBG consisteront de manière spécifique à : (a) Renforcer les actions d'atténuation des risques de VBG et de promotion de la sécurité et la dignité en faveur des femmes et filles à risque et survivant-e-s de VBG par la mise à disposition de kits de dignité, de ressources alternatives au bois de chauffe (bouteilles de gaz /faitout, fourneau et charbon écologique, bio-digesteur) ou de tout autres moyens de subsistance; (b) organiser dans les espaces sûrs au profit des femmes et filles vulnérables y compris les survivant-e-s de VBG/EAS des activités de groupe pour la réduction de leur exposition aux risques de VBG y compris les exploitation et abus sexuels et le renforcement de leur résilience ; (c) accompagner les secteurs humanitaires pour l'intégration d'interventions de prévention et atténuation des risques de VBG dans l'action humanitaire et (d) renforcer les actions de sensibilisation/prévention communautaire centrées sur la VBG, les services disponibles, les risques de VBG et EEI, le référencement et l'Exploitation et Abus Sexuels. L’accent sera mis sur les associations féminines, les autorités, les leaders communautaires-religieux, les leaders d’associations des hommes et des jeunes pour leur mobilisation et contribution dans la lutte contre les VBG.
La prise en charge multisectorielle des personnes survivantes de VBG se fera à travers des services de gestion des cas appropriés et de qualité, y compris les soins (intégration de la prise en charge de la santé sexuelle et reproductive et des VBG) et un soutien coordonné pour accéder aux autres services qui sont disponibles grâce à un système de référencement performant et mis à jour tous les 3 mois sans exclure la prise en charge psychosociale en ligne et les cliniques mobiles. Un accent particulier sera mis sur le renforcement de capacités des gestionnaires de cas et des prestataires de santé et de tous les acteurs clés intervenant dans la réponse. Une priorité sera aussi accordée au renforcement de capacité des agents communautaires en particulier les agents de santé à base communautaire (ASBC) et les accoucheuses villageoises (AV) pour le référencement d’une part et d’autre part la disponibilité des kits post viol et toutes ressources nécessaires dans les structures sanitaires pour une prise en charge médicale de qualité dans les délais requis surtout pour les cas de viol.
Compte tenu des difficultés d'accès, le domaine de responsabilité s’efforcera, dans la mesure du possible, de travailler à faciliter l’accès humanitaire pour garantir que les survivant-e-s puissent accéder aux services. Le domaine de responsabilité VBG s’aligne sur la stratégie d’intervention définie par le cluster Protection et ses domaines de responsabilité rattachés pour atteindre les zones prioritaires y compris celles difficiles d’accès. Le GBV AoR soutiendra toutes les initiatives visant la localisation afin de rapprocher les services auprès des populations en l’occurrence celles dans les zones difficiles d’accès. A cet effet, le domaine de responsabilité VBG renforcera la collaboration avec les leaders communautaires, traditionnels et guides religieux, les associations et organisations de femmes, les agents communautaires en particulier les ASBC et les AV pour améliorer la qualité de la réponse aux VBG y compris le référencement pour la prise en charge médicale des cas de viol dans le délai de 72h.
Par ailleurs, le GBV AoR continuera à renforcer les capacités de tous les acteurs humanitaires sur l’approche centrée sur la survivante pour garantir que tous les survivant-e-s – y compris les hommes et garçons - peuvent accéder en toute sécurité aux services et bénéficier d’un accompagnement adapté à leurs besoins et souhaits. Pour garantir l’adéquation et la qualité des interventions VBG, les acteurs du GBV AoR réaliseront des audits de sécurité et des évaluations impliquant les communautés. Les audits de sécurité, conjointement avec les données de réponse recueillies via les 5W, guideront une réponse basée sur des données probantes.
Le GBV AoR mettra l’accent sur l’intersectorialité de la réponse et sa complémentarité avec les programmes de développement.
Ciblage et priorisation
En 2025, l’AoR VBG cible 471 126 personnes, dans 9 régions et 142 communes pour bénéficier des interventions VBG. Cette cible est extraite du calcul des personnes dans le besoin (PIN) qui s’élève à 1 322 131. Le PIN a été calculé dans les communes de sévérité 3 et 4. Il n’y a pas de communes en sévérité 5. La majorité (40 pour cent) des communes de sévérité 4 se trouvent dans les zones frontalières avec le Benin, le Mali et le Niger.
La cible PDI est composée de 50 pour cent du PiN sévérité 3 et 70 pour cent du PiN sévérité 4. Quant à la cible Non PDI, elle est constituée de 15 pour cent du PiN sévérité 3 et 25 pour cent du PiN sévérité à 4. Les femmes et filles représentent 80 pour cent de la cible prévue pour 2024. Les personnes en situation de handicap représentent 15 pour cent de la cible globale. Il est à noter que pour le ciblage des bénéficiaires, le focus a été porté sur les communes à sévérité des besoins VBG 3 et 4. Cependant, dans la dynamique d’une assistance intégrée au profit des bénéficiaires, le choix final des communes ciblées pour les interventions des acteurs VBG s’est porté sur les communes à sévérité des besoins VBG 3 et 4 ayant également des sévérités intersectorielles supérieures ou égale à 3. En sus, les femmes et les filles étant dans le contexte actuel de la crise, les principales pourvoyeuses de ressources aux familles, ce qui les explosent davantage aux risques de VBG, la priorité dans le ciblage a été portée sur elles.
La coordination du domaine de responsabilité VBG à travers ses coordinations sous nationales et ses acteurs de lutte contre les VBG prioriseront :
- Le renforcement et la pleine participation des organisations locales en l’occurrence les associations féminines, les associations des personnes handicapées et les organisations locales pour leur pleine participation à la réponse humanitaire. Le GBV AoR adoptera, si nécessaire, une approche féministe pour autonomiser les organisations féminines afin de leur permettre de jouer un rôle actif et de leadership dans la réponse humanitaire VBG.
- Le renforcement des travailleurs humanitaires en première ligne y compris les agents de santé à base communautaire et les accoucheuses villageoises pour une meilleure implication dans les interventions humanitaires au niveau des communautés en l’occurrence celles difficiles d’accès. Leurs capacités seront renforcées pour apporter les premiers secours psychologiques et référer efficacement vers les structures de prise en charge.
- La masculinité positive dans le travail avec les communautés afin de mieux prévenir les VBG, atténuer les risques de VBG et contribuer efficacement à la réponse par le référencement vers les services disponibles. Cette approche permettra le renforcement des activités de communication pour le changement social et comportemental à travers des messages qui sauvent les vies au niveau communautaire sur la VBG y compris les exploitation et abus sexuels et les mesures d’atténuation de risque VBG.
- La recherche de solutions innovantes pour réduire l’utilisation du bois de chauffe et par ricochet contribuer à l’atténuation des risques de VBG tels que les enlèvements et les incidents liés aux EEI. La mise à disposition de ces alternatives aux bois de chauffe contribuera à la préservation de l’environnement et à la réduction des effets du changement climatique sur les femmes et les filles ainsi que leurs familles et communautés.
La continuité des services constitue une préoccupation majeure du domaine de responsabilité VBG. Pour assurer cette continuité, le domaine de responsabilité VBG fera un plaidoyer auprès des partenaires techniques et financiers, surtout ceux en charge du développement et de la consolidation de la paix pour une flexibilité des financements afin de couvrir les interventions VBG dans les zones humanitaires. Il est plus que nécessaire que les interventions VBG au Burkina Faso soient inscrites dans le nexus humanitaire, développement, paix pour aboutir à une réduction des VBG d’ici 2030.
Objectifs sectoriels
Deux objectifs sectoriels ont été défini par le domaine de responsabilité VBG dans le cadre de la mise en œuvre du plan de réponse humanitaire 2025. Il s’agit de :
- Prévenir les actes et atténuer les risques de violence basée sur le genre y compris la violence infligée par le partenaire intime et l'exploitation et Abus sexuels
- Assurer la prise en charge multisectorielle et intégrée des survivant(e)s de Violence Basée sur le Genre
De ces deux objectifs sectoriels, trois indicateurs ont été défini :
- # de personnes touchées par les activités d'atténuation de risques de VBG
- # de personnes touchées par les activités de prévention de VBG
- # de survivant (e)s de violences basées sur le genre ayant eu accès à au moins un service de prise en charge multisectorielle et intégrée (médicale, psychosociale, juridique, hébergement protégé, économique) incluant le cash transfert.
Il faut noter que cinq grandes activités stratégiques avec des indicateurs précis ont été défini par les acteurs de l’AoR VBG pour l’atteinte des objectifs sectoriels. Pour cette réponse, le domaine de responsabilité VBG et ses acteurs mettront l’accent sur les interventions visant à atténuer les risques de VBG et réduire l’exposition des femmes et filles aux risques d’enlèvement et d’incidents EEI. Par ailleurs, une attention particulière sera accordée aux activités qui contribueront à renforcer de la résilience des femmes et filles (information sur les services de prise en charge disponible, les avantages d'accéder au service de prise en charge, information sur les risques de VBG, EEI et les actions pour atténuer les risques).
UBC et Coût de réponse
Le budget global de la réponse a été calculé à travers l’approche du coût unitaire. Un coût unitaire a d’abord été calculé pour chaque activité sectorielle identifiée par l’AoR VBG sur la base des sous activités ou des détails (éléments de coûts) à considérer dans la réalisation/mise en œuvre de l’activité et ce en tenant également compte de la spécificité de l’activité. En effet, si pour certaines activités les éléments de coûts sont déterminés par personne, pour d’autres activités les éléments de coûts s’appliquent pour un groupe. Ainsi, on dispose d’un coût unitaire par activité et d’un coût global par activité multiplié par le nombre d’unité visé par l’activité.
Le budget du HNRP sera la somme totale des coûts par activités. Le coût unitaire global pour l’AoR VBG est calculé en divisant le budget global du HNRP par le nombre total d’unité (cible). En 2025, le cout unitaire global est de 72,08 USD et le budget requis pour la mise en œuvre activités VBG du HNRP se chiffrent à 33 962 950 USD.
Promotion d’une programmation redevable, de qualité et inclusive
Le domaine de responsabilité VBG est fortement impliqué dans les différents cadres de concertation existants pour la prévention de l’EAS et la prise en charge des victimes de EAS dans le système de gestion des cas de VBG. Par ailleurs, le domaine de responsabilité VBG assurera les rôles de plaidoyer et d’appui technique pour l’intégration des efforts d’atténuation des risques de VBG dans tous les secteurs humanitaires, conformément aux Directives du Comité permanent Inter organisations (IASC) pour l’intégration d’interventions liées à la VBG dans l’action humanitaire.
Par ailleurs le GBV AoR continuera à renforcer la représentativité des organisations locales dans les mécanismes de coordination et un meilleur accès aux opportunités de financement. Un accent sera mis sur l’amélioration des aspects de redevabilité au sein du secteur en lien étroit avec le groupe de travail engagement communautaire et redevabilité ainsi que le groupe de travail Egalité, Genre et inclusion dans l’humanitaire pour s’assurer de l’effectivité de la participation des communautés, en particulier les femmes dans le cycle de programme humanitaire. Il s’agira de mettre en place des mécanismes de feedback, de plaintes et un dispositif opérationnel de prévention contre les l’exploitation et les abus sexuels (PSEA) dans les espaces sûrs pour les femmes et les filles. Dans le cadre de l’amélioration de la prise en charge des victimes de EAS et les enfants et adolescents survivant-e-s de violences sexuelles, le domaine de responsabilité VBG renforcera sa collaboration avec le domaine de responsabilité de la protection de l’Enfant pour le déploiement effectif de la gestion de cas des enfants et adolescents survivants de violences sexuelles dans toutes les régions humanitaires.
Suivi
L’AoR VBG travaillera à renforcer les autres secteurs en vue de l’intégration des mesures de prévention et de mitigation dans leurs interventions et activités de collecte de données. Le résultat (rapport) des différentes collectes de données (évaluation sectorielle ou multisectorielle, les post distribution monitoring, etc,) seront exploités par la coordination de l’AoR VBG afin être informé des besoins spécifiques ainsi que les éventuels risques de VBG auxquelles sont ou ont été exposés les bénéficiaires en vue d’y apporter la réponse. En outre, l’AoR VBG, accordera un point d’honneur à l’exploitation des audits de sécurité qui seront réalisés ainsi que des alertes flash régionaux qui seront produits par le cluster Protection.
Des réunions périodiques seront tenues avec les coordinations sous nationales de l’AoR VBG afin de discuter de hotspots et des difficultés spécifiques rencontrées par chaque région. En outre, l’AoR VBG participera aux rencontres mensuelles des autres secteurs, l’objectif étant de s’assurer que les éventuelles préoccupations en lien avec les VBG qui seront soulevées puissent être adressées comme il se doit.
Les données VBG alimentant le cadre de résultats du HRP seront produites par les organisations membres du domaine de responsabilité VBG (AoR VBG), en particulier les structures gouvernementales, les agences du SNU et les ONG nationales et internationales. Ces données, collectées avec la matrice harmonisée 5W renseigneront les cinq indicateurs de l’AoR VBG et seront transmises mensuellement à la coordination de l’AoR VBG pour la compilation et le partage.
Par ailleurs, la coordination se chargera de la compilation trimestrielle des données, la production des dashboards mensuels et assurera leurs mises en ligne sur le RPM et le site Humanitarian Response. Le principal défi dans le processus de suivi est le retard dans la transmission des données ou le non-partage des données. A cet effet, une task force, composée des ONG, des agences du SNU et des structures gouvernementales, sera mise en place pour apporter un appui à l’harmonisation des outils de collecte, à la collecte et la transmission de données harmonisées et de qualité.
Suivez les activités de VBG AoR du Burkina Faso à travers le lien Relief web ci-dessous : https://reliefweb.int/updates?advanced-search=%28PC46%29_%28S1070_S8619%29_%28T4600%29&_gl=1*1qoag3e*_ga*MTQ3OTA0ODkyNi4xNjg5Njk0MzM4*_ga_E60ZNX2F68*MTY5MDQ3MjY5Ny4zLjEuMTY5MDQ3Mzk4Ny4yNS4wLjA.