Répartition des personnes dans le besoin et ciblées
Résumé des besoins
Le Burkina Faso fait face à une insécurité alimentaire croissante, touchant environ 2,7 millions de personnes, dont 423 338 en phase d’urgence1. Bien que la production agricole ait atteint 515 millions de tonnes de céréales en campagne agricole 2023-2024, elle affiche une légère baisse de 0,60 pour cent par rapport à l'année précédente, mais une hausse de 2,39 pour cent par rapport à la moyenne des cinq dernières années. Cette apparente stabilité cache cependant des disparités régionales profondes, notamment dans les provinces affectées par les conflits, où la production a chuté jusqu'à -74,6 pour cent 2. L'accès à la terre est particulièrement limité dans des zones comme le Soum (8 pour cent), le Louroum (19,2 pour cent) et l’Oudalan (46,1 pour cent)3. La campagne agricole 2024-2025 en cours, évaluée en mi-octobre 2024, est marquée par des récoltes incertaines, affectées par des anomalies de verdure sur 30 à 40 pour cent des terres cultivées4.
Selon l'USDA5, la production de maïs et de sorgho devrait rester dans la moyenne quinquennale pour 2024. Cependant, la sécheresse au sud-ouest et l'insécurité dans le Sahel, l'est et le centre-nord risquent de provoquer des baisses de production locales. Dans ces régions, l'aide humanitaire reste cruciale pour de nombreux ménages, qui peinent à accéder aux marchés perturbés par les violences.6.
L'insécurité persistante a un effet direct sur les marchés agricoles, particulièrement au nord et à l'est. Les prix des céréales, malgré une baisse par rapport à 2023, restent supérieurs de 22 pour cent à 37 pour cent par rapport à la moyenne quinquennale7, ce qui aggrave l'insécurité alimentaire. Cette hausse des prix impacte particulièrement les ménages dirigés par des femmes. Selon l’enquête MSNA de 2024, la moitié des ménages ont été affectés par des chocs économiques et sécuritaires, avec des scores de consommation alimentaire en nette détérioration dans l'est et le Sahel. Ces zones enregistrent une forte prévalence de la faim, en particulier chez les ménages déplacés, qui souffrent de l'absence de nourriture suffisante8.
Les stratégies d'adaptation de survie ont considérablement augmenté, témoignant de la précarité accrue des populations : une hausse de 9 pour cent pour les populations locales et de 20 pour cent pour les déplacés internes a été relevée par rapport à 2023. L’enquête FSMS de septembre 2024 indique que 24,4 pour cent des ménages sont confrontés à la faim, contre 6,5 pour cent en février 2024. Les provinces les plus touchées incluent le Loroum (66,2 pour cent), l'Oudalan (64,2 pour cent), le Seno (54,2 pour cent) et le Koulpélogo (50 pour cent)9.
Le secteur de l'élevage est lui aussi sévèrement touché par la crise. L'accès aux infrastructures pastorales est de plus en plus difficile et les prix des petits ruminants ont enregistré des augmentations allant de 30 pour cent à 68 pour cent dans certaines régions. Cette situation complique davantage la survie des éleveurs et accroît leur dépendance à l'aide extérieure pour subsister.
La conjonction de la baisse de la production agricole, l'insécurité grandissante, et les conditions climatiques défavorables contribuent à une détérioration de la situation alimentaire au Burkina Faso
Stratégie de réponse
Pour l’année 2025, la stratégie de réponse du Cluster vise à assurer une continuité entre les interventions d’urgence, la post-urgence et les actions permettant de développer les systèmes alimentaires tout en renforçant les capacités des populations face aux multiples chocs.
L’État Burkinabè jouera un rôle clé en s’attaquant aux causes structurelles de la crise et en mettant en place des mécanismes de protection sociale qui accompagneront les plus vulnérables de façon soutenue.
Les ressources humanitaires seront prioritairement dirigées vers les ménages les plus vulnérables, notamment dans les zones difficiles d’accès et des déplacements massifs de population. Une attention particulière sera accordée aux populations en situation de crise à pire.1
Cette réponse s'alignera sur les objectifs stratégiques du Cluster, en cohérence avec le Plan de Réponse et de Soutien aux Populations Vulnérables à l’Insécurité Alimentaire (PRSPV) du gouvernement.
La réponse sectorielle propose donc une approche complémentaire afin de faire le lien entre les acteurs du développement et ceux qui interviennent dans les situations d'urgence, pour apporter une réponse articulée qui cible les vulnérabilités. Cette approche permettra d’atténuer les effets immédiats de l’insécurité alimentaire aiguë et de reconstituer leurs moyens de subsistance. En outre, elle facilitera la remise sur pied des personnes affectées par l’insécurité alimentaire et leur permettra de produire leur propre nourriture et de satisfaire par elles-mêmes leurs besoins essentiels.
Le suivi de la réponse se fera à travers des indicateurs de résultat au moyen d’un rapportage mensuel à travers la matrice 5W. Par ailleurs, le Cluster va élargir son système de collecte d’informations pour capitaliser sur les interventions de post urgence.
Ciblage et priorisation
L’approche de ciblage se focalise sur les personnes dans les zones en phase 3 et plus du CH de mars 2024. La stratégie repose sur deux piliers :
Assister en urgence par des distributions de vivres en ration complète sur une durée de 3 à 6 mois pour des populations en situation d’extrême vulnérabilité dans les régions prioritaires du Centre Nord, du Sahel, du Nord de la Boucle de Mouhoun, de l’Est et du Centre Est. L’assistance est constituée de 75 pour cent de ration complète sur 3 mois dans les autres régions.
Apporter une assistance d’urgence combinée à des actions de relance agricole d’urgence et de reconstitution des moyens de subsistance des populations.
Le Cluster Sécurité alimentaire mettra un accent particulier sur les enjeux transversaux2 pour améliorer la qualité de l’assistance, mais aussi la mise en place du groupe de travail agriculture et moyen d’existence permettra de finaliser les directives du cluster afin de doter le secteur des standards d’intervention.
UBC et Coût de réponse
Le calcul du coût unitaire par activité adopté par le Cluster Sécurité Alimentaire, repose sur une décision concertée avec l’équipe humanitaire pays. Cette approche permet de garantir une planification budgétaire précise et alignée sur les priorités du HNRP. Chaque cluster a identifié le coût unitaire de ses activités, intégrant le coût de support logistique et opérationnel en étroite coordination avec l’ensemble des partenaires humanitaires, notamment les agences leads du Cluster.
Le coût global de la réponse du cluster sécurité alimentaire est estimé à 273 millions de dollars US répartis comme suit :
Assistance alimentaire : 227 millions de dollars US
Ce montant prend en compte un maximum de 6 mois d’assistance dans les zones accessible via des acheminements terrestres.
Il inclut également 3 mois d’assistance dans les zones difficiles d’accès, où les distributions nécessitent des moyens logistiques plus coûteux comme l’acheminement par voies héliportées.
Protection/Reconstitution des moyens d'existence : 46 millions de dollars US
Ce volet couvre les interventions visant à renforcer les capacités de résilience des populations vulnérables, notamment :
L'appui à la production végétale d’urgence (semences, outils, engrais, formation)
L'appui à la production animale telles que la distribution de Kits vétérinaires, des noyaux reproducteurs, d’aliments bétail, ...
L’appui aux activités génératrices de revenus (AGR) pour diversifier les sources de revenus des ménages affectés et réduire leur dépendance à l’aide alimentaire.
Promotion d’une programmation redevable, de qualité et inclusive
Le Cluster Sécurité alimentaire mettra un accent particulier sur les enjeux transversaux11 pour améliorer la qualité de l’assistance. Afin de consolider les capacités des partenaires sur la prévention de l'exploitation et des abus sexuels, la participation des membres du Cluster à des formations spécifiques sera essentielle. Les thèmes transversaux (genre et âge, diversité, handicap et environnement) et le respect des principes de ne pas nuire, de sécurité et dignité, de redevabilité, et de participation des bénéficiaires seront systématiquement intégrés dans la réponse du Cluster. Dans le cadre de la redevabilité aux populations affectées (AAP), les partenaires du Cluster Sécurité Alimentaire s’engageront à partager avec les communautés affectées des informations sur la sélection des bénéficiaires dans le cadre des interventions, tandis que des enquêtes de monitoring post-distributions (PDM) et des évaluations participatives seront menées par les partenaires dans l’optique d’apprécier la perception et le niveau de satisfaction des bénéficiaires pendant et après les interventions.
Pour garantir la transparence, le cluster utilisera ses outils de communication et d’information, tels que le suivi de la réponse, la cartographie des acteurs et la matrice de planification des interventions. Ces outils permettront de mieux informer les bénéficiaires et les autorités locales (CONASUR, Se-CNSA) sur les activités menées.
Suivi
Le cluster participera activement aux évaluations conjointes et multisectorielles et soutiendra le Mécanisme de Réponse Rapide (RR).
Des enquêtes de suivi-évaluation (Baseline, suivi post-distributions (PDM) et endline) et analyses de la qualité du ciblage et des effets de l’assistance sur la sécurité alimentaire (y compris la diversité alimentaire) devront être réalisées par les partenaires et partagées au sein du cluster. Il est également attendu que ces analyses puissent être désagrégées par type de ménages assistés (PDI récents, PDI de longue durée, ménages d’accueil, résidents vulnérables) et par genre (femme, homme, fille garçon).
Une étroite coordination sera maintenue avec les autres clusters pour une complémentarité des actions de réponse, afin d’éviter une utilisation duplicative des ressources limitées et mieux répondre aux besoins des populations ciblées. Le Cluster Sécurité Alimentaire s’engage à continuer à développer des synergies multisectorielles avec les Clusters Abris/AME, Education, EHA, Logistique, Nutrition, Santé et Protection pour réduire les vulnérabilités des ménages affectés par la crise. Et plus particulièrement, une forte coordination avec les clusters nutrition, EHA et santé.
Le Cluster Sécurité Alimentaire effectuera le suivi et l’analyse mensuelle de la réponse à travers des indicateurs de réalisation, incluant le nombre de personnes bénéficiant d’assistance alimentaire et des différents types de soutien aux moyens de subsistance, et les types de modalités et mécanismes d’assistance. Les partenaires devront rapporter mensuellement les informations demandées par le cluster au moyen d’un rapportage mensuel 5W. En parallèle, le Cluster Sécurité Alimentaire compilera, diffusera les résultats/rapports et soutiendra le déploiement d’enquêtes nationales et locales, notamment l’analyse du Cadre Harmonisé et les évaluations rapides menées par ses partenaires dont le Gouvernement, les ONG, la FAO et le PAM, afin de proposer une vue globale de l’évolution de l’insécurité alimentaire dans le pays et de l’effet de l’assistance
Suivez les activités du cluster Sécurité alimentaires au Burkina à travers le lien ci-dessous :
Objectif sectoriel 1 (OS1) : Sauver des vies face à l’insécurité alimentaire aiguë par la mise en œuvre d’une assistance alimentaire d’urgence visant à répondre aux besoins alimentaires et nutritionnels vitaux des personnes les plus vulnérables
Nombre de personnes ciblées ayant reçu une assistance alimentaire d'urgence
Assistance alimentaire d' urgence
1,288,528
184,075
Nombre de personnes ciblées ayant reçu une assistance alimentaire pendant la période de soudure
Assistance alimentaire aux personnes affectées par l'insécurité alimentaire aigue pendant la période de soudure
859,019
122,717
Objectif sectoriel 2 (OS2) : Protéger/Reconstituer les moyens d'existence des personnes vulnérables affectées par l’insécurité alimentaire aigüe afin de leur permettre de se relever à la suite d’un choc ou d'une crise
Nombre de personnes ciblées ayant reçu un appui à la production végétale d'urgence
Appui à la production végétale d'urgence
936,303
133,758
Nombre de personnes ciblées ayant reçu un appui à la production animale
Appui à la production animale
808,413
115,488
Nombre de personnes ciblées ayant reçu d'appui en AGR
Appui aux activités génératrices de revenue (AGR) des ménages vulnérables
300,000
42,857
Sévérité des besoins
Personnes dans le besoin
Personnes ciblées
References
Population classée en phase 3 à pire selon l’analyse du CH de mars 2024 du Burkina Faso
Les questions de genre, de protection ainsi que la sensibilité aux conflits