Madagascar

Madagascar FA 2024

Aperçu de la crise

Environ 2,29 millions de personnes ont besoin d'une aide humanitaire urgente à Madagascar en 2023 et jusqu’à la moitié de 2024, suite aux cyclones dévastateurs dans le Grand Sud-Est (régions Vatovavy, Fitovinany et Atsimo Atsinanana) en 2022 et 2023, et aux sécheresses sévères dans le Grand Sud (régions Atsimo Andrefana, Androy et Anosy) de 2020 à 2022.

En février 2023, la région Grand Sud-Est a été de nouveau frappée par le cyclone tropical Freddy. Bien que ce cyclone se soit affaibli à l'atterrissage, il a apporté des vents dévastateurs, principalement dans la région de Vatovavy, entraînant au total 10 morts et la destruction et des dommages surtout aux maisons, aux écoles et aux centres de santé, selon le Bureau national de gestion des risques de catastrophe (BNGRC). L’évaluation rapide multisectorielle menée a identifié 31 communes significativement touchées par les vents, dont 15 classées comme ayant des impacts sévères (entre 25 et 50%) et 16 comme préoccupantes (entre 10 et 25%).

Les communautés touchées par les cyclones tropicaux consécutifs entre 2022 et 2023 sont toujours confrontées à des besoins humanitaires urgents, près d'un an et demi après. Suite aux pertes énormes des récoltes en cultures vivrières, estimées entre 10 et 65% des récoltes en 2022, le niveau de production est resté encore faible en 2023 ; alors que parallèlement, près de 90% des cultures de rente ont été touchées et les plantations ne devraient pas revenir à la normale avant 2024.

La situation alimentaire post-récolte reste toutefois relativement améliorée selon l’IPC insécurité alimentaire aiguë de juillet 20231 comme 03 districts sur 11 sont en phase 3 pour la période actuelle contre 07 sur 11 selon la projection de l’IPC 2022 pour la même période; et aucun district n’est et ne sera en phase 4 pour les neuf prochains mois. Cependant, la situation alimentaire de ces districts en phase 3 déjà en période de récolte et post-récolte est très critique comme ces districts sont typiquement en phase 2 au cours des précédentes années; et selon la projection presque tous les districts dans le Grand sud-est vont basculer en phase 3.

Avec cette tendance, la situation nutritionnelle est très précaire, déjà en cette période de récolte et post-récolte, et surtout pendant la période de grande soudure de janvier à avril 2024.

La SMART réalisée en mai 2023 a montré une dégradation de la situation nutritionnelle, avec une prévalence combinée de la malnutrition aigüe globale de 10.7% contre 8.7% en 2022, un enfant de moins de 5 ans sur 10 souffre ainsi de malnutrition aigüe. Pour Nosy Varika et Ikongo en particulier, cette proportion atteint respectivement 18.1% et 15.9% 2. Les plus touchés sont les plus jeunes, les enfants de moins de 2 ans, dont 17,2% souffrent de malnutrition aigüe. Grâce aux efforts des acteurs de la nutrition, le nombre d'admissions de cas de malnutrition aiguë est bien supérieur aux années précédentes, surtout pour la malnutrition aigüe sévère (MAS), avec déjà 18.000 cas de MAS pris en charge au premier semestre 2023, contre moins de 27.000 sur l’ensemble de l’année 2022 et seulement 6.400 en 2021. Mais la capacité de prise en charge doit encore augmenter de 60% pour répondre aux 58.000 cas de MAS attendus pour les 12 prochains mois selon le IPC, et le nombre d’enfant pris en charge devrait être triplé pour la malnutrition aigüe modérée pour répondre aux besoins. La couverture des activités de prévention et de traitement de la malnutrition aiguë modérée (MAM) reste en effet extrêmement faible et la plupart des sites de prise en charge sont encore non fonctionnels par manque continu d’intrants et de supervision des agents communautaires